« Quand un peuple tombe esclave, tant qu’il tient bien sa langue,
c’est comme s’il tenait la clef de sa prison »
A. Daudet, La dernière classe.
Pré-analyse du film « Une histoire de fou » (2015) de Robert Guédiguian et inspiré du récit autobiographique La Bomba de José Antonio Gurriaran, victime de l’attentat du 29/12/1980 à Madrid, devenu fervent défenseur de la cause arménienne. Cet article devient le premier d’une série à venir, faisant état des conséquences de l’exil et migrations diverses.
Dès les cinq premières minutes du film, une envie irrépressible me prend, celle de faire un génosociogramme du contexte et des personnages du film.
Je comprends tout de suite ce que le génie de Robert Guédiguian va me permettre d’expliquer : comment les traces d’un traumatisme vécu par des ascendants peuvent se transmettre de génération en génération.
En effet, le scénariste nous plonge dans un contexte bien particulier, celui de la déportation d’un million cinq cent mille arméniens dans des camps. Seuls 10% d’entre eux y réchapperont. On comptabilise un million deux cent mille morts !
Dans un contexte géopolitique bien compliqué, ce génocide aura lieu du 24 avril 1915 à juillet 1916 (15 mois), soit 80.000 morts par mois, 2586 morts par jours, 108 morts toutes les heures et 2 morts par minute…